L’ÉTRANGER
d’après Albert Camus
Editions Gallimard
Adaptation et jeu :
Benjamin Ziziemsky
Musique :
Pierre Aguilera
Création lumière
et mise en scène:
Gérard Col et
Benjamin Ziziemsky
Soutien Spedidam
Gère les droits des artistes interprètes en matière d’enregistrement, de diffusion et de réutilisation des prestations enregistrées).
Ce qui est remarquable dans cette adaptation, c’est l’audace d’avoir « dépoussiéré » les idées reçues et apprises sur le roman de Camus, de se l’être approprié avec une refonte des temps des verbes pour actualiser les faits sur scène, d’avoir supprimé ce qui n’était qu’annonce du drame pour axer le propos sur la tragédie de l’homme seul au milieu des autres.
Benjamin Ziziemsky restitue cela avec une passion, une intensité, une finesse de jeu qui interpellent et suscitent une réflexion nouvelle. En « désacralisant » le texte culte, en en proposant une nouvelle approche où Meursault est peut-être le seul être sensible, le comédien ouvre un combat non-dit, mais pourtant bien présent, contre la passivité sociale, contre un état de droit qui aboutit au non-droit ; car les grands absents du texte de Camus sont bien les « Arabes », anonymes, interchangeables, ouvriers vêtus de bleus de chauffe alors que les médiocres de la colonisation en Algérie ont des loisirs, des cabanons, et des privilèges. Ils sont les grands oubliés du procès.
Meursault, dans cette version scénique, n’est pas leur porte-parole, mais il est l’observateur consterné de la bêtise humaine postée au pouvoir.
Halima Grimal - La Tribune des Tréteaux - St Pierre de la Réunion
Teaser -© Gaspar Palacio
Photographies : Sarah Cornibert